
Hmm, que dire d'autre... ? Je n'ai que très peu de souvenirs de mon enfance avant mes cinq ans. A dire vrai, j'en n'ai aucun. Ma mémoire a commencé à conserver mes souvenirs de manière intacte au soir de mon cinquième anniversaire. C'est à partir de cette date que je me souviens de ma vie. Pourquoi à partir de ce soir précisément ? C'est très simple. Il s'agit du souvenir de mon premier meurtre. Le soir où pour une raison que j'ignore encore aujourd'hui, j'ai tué ma mère au cours d'une attaque perpétrée par de parfaits inconnus. Cet épisode fut la première tragédie de ma vie, et en a déclenché de nombreuses autres.
C'était dans la nuit du 6 au 7 février 1965. La soirée avait pourtant bien commencé en ce jour de fête...
| 6 février 1965 |
J'étais au salon avec ma mère, jouant avec ses beaux cheveux en attendant minuit. Si j'étais encore en train de veiller à mon âge, c'est parce que j'allais faire cinq ans dans quelques minutes. Mon impatience n'avait cessé de grandir au fil des heures.
| Minuit |
-__Sois patiente ma chérie, tu maîtriseras bientôt tes nouveaux pouvoirs. Mais en attendant, j'aimerais que tu évites de mettre le feu à la maison. Nos ancêtres te maudiraient jusqu'à la vingtième génération si tu détruisais notre manoir familial.
-__Je suis désolée maman. Mais j'ai tellement envie de m'en servir... d'apprendre !
-__Je suis certaine que tu seras une excellente élève à Poudlard !
-__Six ans... encore six ans à attendre ! C'est trop looong ! me plaignis-je en trépignant.
-__... Tu tiens de ton père, tu sais ?
-__Ah bon ?!
-__Oui. Aussi impatiente que lui. Lui aussi s'amusait à se servir de ses pouvoirs dans sa jeunesse alors qu'il n'en avait pas encore le droit...
Cela me fit sourire. Malgré l'absence de mon père, je trouvais le moyen de lui ressembler.
-__Oui, ma chérie ?
-__Il est où Papa ?
-__... Je te l'ai déjà dit. Il est parti il y a longtemps.
-__Pourquoi... ?
-__Ses projets ne lui permettaient pas d'avoir une vie de famille.
Voyant qu'elle baissait les yeux, j'arrêtai de lui parler de mon père. Elle n'avait jamais aimé aborder ce sujet, mais l'envie de savoir était toujours aussi ardente. Pourquoi mon père n'avait-il pas pris le temps de me connaître ? Pourquoi était-il parti s'il nous aimait ? Je soupirai. Je redemanderai une prochaine fois.
-__Tu as fait venir des gens pour mon anniversaire ? demandai-je le sourire jusqu'aux oreilles, enthousiaste à l'idée de faire de nouvelles rencontres.
Les beaux traits du visage de ma mère se tirèrent légèrement.
-__Non. Non, je ne fais venir personne, qu'est-ce que tu racontes ?
-__Il y a des gens dehors qui viennent. Regarde, ajoutai-je en pointant le doigt vers eux.
Ma mère se leva d'un bond de sa chaise et se planta devant la fenêtre.
-__Monte dans ta chambre, me dit-elle.
-__Mais pourquoi ?
-__Fais ce que je te dis. C'est... C'est une surprise !
-__Oh chouette !
Je montai deux à deux les escaliers mais m'arrêtai au premier palier. La curiosité était l'un de mes défauts. Je m'accroupis et attendis avec impatience. Ma mère sortit sa baguette, chose qui me parut assez bizarre pour accueillir des gens.
« Joli feu d'artifice...mais pourquoi ne m'a-t-elle pas demandé de redescendre pour y assister ? »
Un rayon de lumière atteignit ma mère qui fut expulsée contre le mur. Elle retomba sur le sol dans un bruit sourd.
-__MAMAN !! criai-je.
-__PRUE, SAUVE-TOI !!!
J'étais paralysée. Je ne comprenais pas très bien ce qu'il se passait... Les silhouettes avaient reporté leur attention sur moi. L'un d'eux pointa sa baguette dans ma direction. Je compris alors que ça n'avait rien d'un jeu... L'homme sortit un couteau, m'accélérant davantage le c½ur. J'étais incapable de me détourner de la redoutable lame qui brillait avec la lumière. L'homme murmura quelque chose, et je vis la lame fuser sur moi.
-__NOOON !
Instinctivement, je fis un mouvement de bras pour renvoyer l'arme, tout en m'accroupissant en me protégeant la tête. Je fermai les yeux, complètement apeurée.
-__Tu nous as facilité le travail jeune fille... A ton tour maintenant ! Attrapez-là !
Si j'étais paralysée par mon geste, mon sang ne fit qu'un tour en voyant les hommes se ruer vers moi. Je finis de monter les escaliers deux à deux, réfléchissant à un endroit où me mettre à l'abri tout en courant dans le couloir. Je me cachai dans le grenier, dans une vieille armoire. Je regardai par la fente, le c½ur battant, affolée. Je serrai fort la peluche du petit loup contre moi, essayant de me redonner courage. Mais comme je le craignais, les hommes arrivèrent dans la pièce, et la peur ne s'en fit que plus poignante.
-__Où es-tu jolie poupée... ? Je sais que tu es là. Aller petite, montre-toi...
L'homme balayait la pièce du regard. Je remarquai un tatouage sur son épaule musclée. On aurait dit une tête de mort, transpercée par... Je ne vis plus rien. L'homme se tenait devant l'armoire.
« C'est fini... »
Je fermai les yeux. Terminé. C'était terminé. Alors que je m'attendais à être découverte, j'entendis des hurlements de terreur. Je rouvris les yeux, paniquée. Qu'est-ce que c'était ? Les hommes tombaient un à un, frappés par une étrange lumière verte.
-__N'aie pas peur, murmura-t-il.
Sa voix était basse mais gardait quelque chose de menaçant. Il ne me rassurait pas du tout. Au contraire. Il portait un masque, et rien que ses yeux froids me donnaient la chair de poule.
-__Qui... Qui êtes-vous ? demandai-je dans un sanglot.
-__... Ton père...
-__P...Papa ?!
J'étais tellement surprise que j'en oubliai d'avoir peur. Pourquoi revenir maintenant après toutes ces années d'absence ?
-__Viens, sors de là.
J'obéis, sortant de ma cachette. Je sentis un frisson me parcourir en regardant au sol. Tous les hommes qui avaient attaqué étaient là, allongés, les bras en croix. Je croisai le regard figé de celui qui était le plus proche de moi. Je ne pus me détacher de ses yeux. C'était horrible, j'avais l'impression qu'il me regardait. Je sursautai en sentant une main se poser sur mon épaule. Je me retournai vivement.
« Maman ! »
Je me mis à courir, échappant à mon... père. Je dévalai les marches, manquant plusieurs fois de tomber. La peur remonta en flèche lorsque j'aperçus le corps de ma mère. Je me jetai au sol, à ses côtés. Elle était allongée sur le dos, baignant dans son sang. Un filet avait coulé de sa bouche. Ses yeux n'exprimaient plus leur douceur habituelle... ils étaient indéchiffrables, fixant le vide. Comme les hommes allongés à l'étage.
-__Maman ?
Elle ne bougea pas. Je vis alors le couteau planté dans son c½ur. Je paniquai davantage.
-__Maman ? Réponds-moi ! Maman !
Toujours rien. Les larmes revenaient... ma voix se brisait... Je me mis à la secouer de toutes mes forces.
-__MAMAN !!!! hurlai-je désespérée.
Deux bras m'encerclèrent puissamment et me tirèrent en arrière, me soulevant du sol pour m'empêcher de continuer. J'agitai mes jambes en essayant de donner des coups de pieds à mon père pour qu'il me lâche.
-__MAMAN ! MAMAN REVEILLE-TOI !! REVEILLE-TOI ! criai-je en me débattant désespérément.
-__Arrête... !
Sa voix froide m'avait stoppé nette. Il me reposa au sol.
-__Maman... murmurai-je.
-__Elle est partie. Cesse de l'appeler ainsi elle ne t'entend pas.
Il s'agenouilla près du corps de ma mère et prit son pouls. Je vis mon père fermer ses yeux pendant plusieurs secondes. Lorsqu'il les rouvrit, il leva une main légèrement tremblante sur le beau visage de ma mère pour lui cacher les yeux avec sa main.
-__Repose en paix... mon amour, murmura mon père.
Je fronçai les sourcils en voyant sa main glisser sur le visage de ma mère avec toute la délicatesse du monde. Ce geste eut pour l'effet de redoubler mes larmes.
-__ Viens, dit mon père en se relevant.
-__... Où ça... ? pleurai-je.
-__Avec moi.
-__NON !!! Je veux rester avec maman !
Mon père s'accroupit.
-__Ta mère...
Il s'interrompit, cherchant ses mots.
-__Ta mère est montée au ciel. Tu ne peux pas rester avec elle, tu dois la laisser maintenant.
-__Mais pourquoi ?
Il me prit la main et m'amena dehors.
-__Regarde le ciel. Tu vois ces étoiles ?
-__... Oui.
-__Ta mère est l'une d'elles désormais. Elle te regarde.
Je levai mes yeux pleins de larmes vers le ciel et les regardai. Ma vue était trouble. Je ressentais une douleur sans nom. J'avais du mal à respirer.
-__Ce n'est pas ta faute si elle est morte. C'était un accident. Le fait est qu'elle n'est plus là. Alors maintenant, à toi de voir... ou tu viens avec moi, ou tu restes ici. Mais sache que ta mère n'ouvrira plus jamais les yeux. A toi de choisir.
Mes larmes s'étaient arrêtées de couler. Quelque chose s'était réveillé au plus profond de moi... quelque chose que je n'avais jamais ressenti auparavant. Je fis demi-tour et retournai auprès de ma mère. Je m'agenouillai et posai un bisou sur son front glacé. Mon regard se posa à nouveau sur le couteau, et j'esquissai un faible sourire. Je jetai un dernier coup d'½il devant moi, vers la cuisine, avant d'aller rejoindre mon...père.
-__Je savais que tu reviendrais...
Je ne répondis rien. Je n'avais plus la force de rien faire...
Il m'amena chez lui et m'installa près du feu pour faire cesser mes tremblements. Je mis énormément de temps à retrouver mon calme. Je n'arrivais pas à réaliser la tournure qu'avaient pris les évènements. Je me sentais vidée.
-__Papa ? appelai-je, la voix étranglée.
Il se tourna vers moi. Il avait enlevé son masque. Ses traits étaient fins. Il avait du charme mais était...dangereusement beau.
-__Oui ? Qu'y a-t-il ?
-__Maman ne m'a jamais dit comment tu t'appelles...
Il regarda à nouveau par la fenêtre, pensif.
-__Tom... Tom Jedusor... Héritier d'une illustre famille. Tu es ma fille... je veillerai à ce que tu sois digne de ce nom.

FictionFantastiqueElion, Posté le mercredi 03 mai 2017 15:49
J'ai adoré !
J'aime beaucoup l'idée et la façon de parler de Prue. Son histoire est terrible et tellement triste ! Je trouve aussi ta façon d'écrire très plaisante ^^
Je lirais la suite plus tard,
Bisouus