
- Enfourchez vos balais. A mon coup de sifflet... 3 – 2 – 1 !
On se battit pour la victoire comme si le trophée nous attendait au bout. Il y avait une réelle compétition entre les maisons. Ce sport occupait vraiment une place importante dans la vie du château. Élèves et professeurs des quatre maisons se rassemblaient dans les gradins pour encourager les équipes. Les encouragements donnaient du punch, tandis que les insultes nous enragés davantage. Les Serpentard étaient particulièrement exécrables envers les Gryffondor. La rivalité entre les maisons étaient encore plus marquée sur le terrain. Le manque de fairplay me gênait parfois, car je trouvais ce comportement indigne. Une véritable victoire devait être méritée, pour la beauté du sport. Alors, je m'appliquais à ne pas me laisser emporter par les provocations de nos adversaires, préférant répondre en marquant des buts. Je m'en sortais plutôt bien pour une première, j'étais assez contente de mes performances. Je redoutais un peu ce match, car le Quidditch était si important aux yeux des Maraudeurs que je ne voulais pas les décevoir. Si je voulais me rapprocher d'eux, il fallait au contraire que j'excelle.
- Tu es une excellente tireuse Prue ! Magnifique pour ton premier match ! me dit James avec enthousiasme.
- Merci ! C'est parce que j'ai un capitaine qui me donne de très bons conseils, répondis-je assez fort pour qu'il m'entende malgré les supporters bruyants. Bravo à toi pour ta prise ! Je crois que les Serdaigle te remercient d'avoir mis un terme à cette boucherie !
Le restant de l'équipe rigola. Nos adversaires avaient pris un score assez sévère. 360 à 90. Une belle raclée. Il faut dire que Jonathan était aussi excellent pour garder nos buts que Cindy, Evans et moi pour les marquer. J'avais d'ailleurs été assez impressionnée de voir Evans jouer, car là encore, elle était loin d'être incompétente. Si j'avais marqué une dizaine de buts, elle en avait bien mis sept et elle maîtrisait tout aussi bien que moi son balai, dans n'importe quelle position. Si elle pouvait être une "Fleur de Lys" dans l'école, sur le terrain, c'était une vraie lionne ! Cela me rappela mes recherches à la bibliothèque, qui avaient fait l'objet d'une découverte inattendue et m'avaient conduit à des résolutions. Il fallait que j'arrête d'être impressionnée par ses capacités. Elle était comme moi après tout. Comme n'importe qui. Mon habitude à la juger inférieure avait du mal à me quitter. Il fallait que je fasse des efforts pour changer ma mentalité.
J'interceptai un sourire complice entre Sirius et Remus alors que James profitait du prétexte de la victoire pour prendre avec élan sa Fleur de Lys dans ses bras. Celle-ci, prise par l'engouement de la victoire, ne songea pas le repousser. Remus et Jonathan se mirent une bonne tape à l'épaule en raillant nos adversaires. Le regard de Remus s'accrocha au mien, et il me sourit en s'apercevant que je l'observais. Il vola vers moi et me pris dans ses bras dans un élan qui me surprit un peu. Cependant, il ne me vint pas à l'esprit de le repousser.
- Tu as vraiment super bien joué pour ton premier match !
- Merci ! Et toi bravo pour ta défense avec les Cognards. C'était impressionnant !
L'adrénaline que j'avais eu pendant tout le match me rendait un peu fébrile maintenant que c'était terminé. Je me séparai de Remus lorsque James se tourna vers nous.
- Bon boulot tout le monde, félicita James. Vous avez très bien joué ! On va écraser Serpentard lors du match d'ouverture.
* Oh... je sens que j'aurai un peu trop le soleil dans les yeux avant de tirer ce jour-là... ce sera difficile de viser juste *
- Décidément... douée en cours, douée au combat, douée en Quidditch... douée dans d'autres sports ? taquina Sirius avec un sourire entendu et un regard charmeur en venant à ma hauteur.
- La plupart, renvoyai-je avec un sourire qui se voulait amical.
La bonne blague... il pensait réellement pouvoir me bizuter ? Moi ? Le boulet. J'allais lui faire brouter l'herbe !
Nous étions arrivés au niveau du lac, à environ huit de mètres au-dessus.
Il rigola, et j'eus à nouveau l'occasion de voir cette lueur pétillante dans ses yeux. Cette même lueur qui parvenait à éclairer son visage jusqu'alors fatigué. Comme si, alors que tout son être était au repos, ses yeux étaient vifs. Malicieux. Pénétrants... Déstabilisants.
- Hé Prue ! Par ici !
* Ils ont un vrai radar c'est pas possible... *
Je me dirigeai vers eux sans me presser. Je croisai une fois de plus le regard ambré de Remus en m'installant, ce qui me déstabilisa. Je me cognai le genou en enjambant le banc, ce qui me fit serrer la mâchoire instantanément.
* Putain de... *
- Dis-moi, Prue, on se demandait... Où passes-tu tes vacances ? demanda Sirius.
- Et bien –
Je me stoppai nette.
* Argh j'ai failli le dire ! *
- ...à l'orphelinat. Je ne vois pas où je pourrais les passer sinon.
- Ici bien sûr ! s'exclama Peter.
- Sérieux ?
- Oui ! Tu peux rester si tu veux ! Il faut juste t'inscrire.
- Ah... je ne savais pas. * Par pitié nooooon ! Je veux retrouver ma liberté pendant deux semaines ! Pouvoir vadrouiller, vaquer à mes occupations, tuer une ou deux – stop ! Je m'égare * Eh bien... je vais voir.
- Ce sera toujours mieux que d'être seule dans ta chambre là-bas, me lança Remus.
Que répondre ? Comment me défiler ? La vérité, c'est que je n'étais pas souvent dans mes appartements au manoir de mon père. Quand je n'étais pas en mission, je partais en repérage, cherchais de nouveaux contacts... je me tenais au courant de ce qu'il se passait dans le milieu. J'avais toujours quelque chose à faire, je n'avais pas le temps de m'ennuyer. Quitter Poudlard deux semaines me ferait beaucoup de bien pour retrouver ma liberté et mes habitudes... bon sang j'en avais tellement besoin. Sans oublier que j'avais reçu un nouvel ordre d'exécution de la part de mon père. La seule chose que je savais, c'est que je devrai opérer pendant les vacances de noël. Je ne pouvais pas me permettre de manquer ça. Je savais que la mission allait me demander un peu de préparation.
- ...Ok. Je reste, finis-je par dire.
Ça ne m'arrangeait pas, mais je sentais que c'était la bonne décision.
* Pense au bien de ta mission avant tes préoccupations personnelles... *
- Super ! On pourra en profiter pour passer un peu plus de temps ensemble, dit Sirius avec enthousiasme.
- * Ça te réjouit autant que ça me mine...* J'en serais ravie. Par contre, je devrais sans doute m'absenter quelques jours.
- Pourquoi ? interrogea James.
- Voir la directrice un peu, dis-je calmement. Elle a toujours été très gentille avec moi, ça lui fera plaisir que je passe un peu de temps avec elle. Je lui dois bien ça.
- Oui, normal.
- Auror, répondirent les garçons en c½ur.
- Et bien au moins vous êtes d'accord, plaisantai-je un peu étonnée par leur unanimité.
Hmm, s'ils devenaient effectivement Aurors, il y avait des risques que la prophétie se réalise. Père avait eu raison de m'envoyer ici... il fallait que je garde un oeil sur eux. Ils n'étaient pas encore redoutables bien sûr, ils n'étaient que des étudiants, un peu gamins sur le bords. Mais avec la maturité et l'expérience du terrain, ils avaient le potentiel pour devenir nos ennemis... et donc mes cibles.
- Pourquoi ce choix ? repris-je, saisissant l'occasion de les entraîner sur ce sujet.
- Défendre la justice en enfermant les criminels... ça me semble être une bonne motivation, répondit James.
Mon regard s'abaissa, mes pensées s'égarant malgré moi. J'eus un faible sourire en revoyant quelques souvenirs que je chassai rapidement. Oui, c'était une noble cause.
- J'ai toujours rêvé de chasser des mages noirs, dit Peter entre deux bouchées.
Un peu plus surprenant venant de la part d'un froussard.
- Parce que je suis le digne fils d'experts triple C, lâcha Sirius.
Je haussai un sourcil interrogateur, pressentant encore une connerie.
- Crétin, Criminel, Connard, précisa Sirius. Il faut bien que quelqu'un s'occupe de les enfermer un jour.
Je m'efforçai de sourire pendant que les autres rigolaient, alors qu'à l'intérieur je devais me battre contre mon instinct meurtrier pour le rendormir. Une immense envie de lui tordre le cou me submergea. Sirius avait un véritable don pour réveiller ma colère. La famille Black était très proche de mon père, et sans doute LA famille la plus respectée dans le milieu. Orion était le Mangemort que j'appréciais le plus. Il était plus qu'un serviteur pour mon père. Je ne sais pas si on pouvait lui attribuer le statut « d'ami », car je doute que mon père ait connu ça un jour, mais en gros c'était ça l'idée. Malgré sa cruauté parfois insupportable, je savais qu'on pouvait compter sur lui. Il était fidèle et fiable, deux qualités rares et requises dans notre travail.
- Ce n'est pas le grand amour toi et ta famille à ce qui parait., dis-je les dents serrées.
- En effet. Ce sont des pourritures. Je suis bien content de ne plus avoir à les supporter en dehors de Poudlard. !
Je fronçai les sourcils. Comment ça il n'avait plus à les supporter ?
- Je ne vis plus avec eux depuis juin dernier, expliqua Sirius en réponse à mon air étonné.
J'avais beau avoir souvent l'occasion d'entendre parler de Sirius Black, Orion ne s'était jamais vanté de cet évènement. Je n'osais imaginer la haine du père envers son fils après cette fuite. Car oui, il s'agissait bien d'une fuite. Sirius avait réussi à filer entre les doigts de ses parents, échappant au destin de Mangemort qui lui était destiné. Même s'il n'y avait aucune chance pour que Sirius le devienne un jour, j'étais persuadée qu'Orion devait très mal vivre de ne plus pouvoir le châtier.
- Je vis chez James, termina Sirius.
- Cool !
Diable que le père de James avait dû se régaler au Ministère de narguer Orion.
- Ça tu peux le dire ! Je mange, j'ai une vie normale avec des gens normaux, et je suis avec mon frère de c½ur ! Que du bonheur ! rigola-t-il.
Ses paroles me détachèrent du présent momentanément. Je regardai ailleurs, mes pensées s'égarant sans que je parvienne à les contrôler. C'est dans ces moments-là que je me rendais compte à quel point la douleur était toujours enfouie dans mon être. Que le manque était bien réel. Et par-dessus tout, cette culpabilité au souvenir d'une promesse toujours pas honorée.
- J'imagine, oui... soufflai-je la gorge un peu serrée.
- Et toi ? Que comptes-tu devenir ?
Je souris faiblement. Moi ? J'étais une tueuse en pleine montée en puissance, et je comptais bien continuer.
Auror aussi.
- T'as toujours voulu faire ça ? demanda James.
- En fait, je veux être sur le terrain. Peu importe du moment qu'il y a de l'action. Donc tout ce qui est flic, Auror, ou même militaire, ça m'attire.
- Toi dans l'armée ? s'étonna Sirius.
- Où est le problème ? demandai-je, ne comprenant pas sa surprise. Il y a pas mal de filles dans l'armée je te signale.
- Oui, je sais. Mais disons que tu fais très...
Il regarda vers ses amis avec un large sourire et je fronçai davantage les sourcils. Je faisais très quoi ?
- ...femme, finit-il en me regardant avec un sourire appréciateur.
- Ah parce qu'on peut l'être plus ou moins ? rigolai-je.
- Non, ce que je veux dire, c'est que même si tu n'es pas précieuse comme ces demoiselles et que tu ne sembles pas avoir froid aux yeux, voir une si belle fille en uniforme militaire pour te battre et tuer... c'est un peu comme voir Peter au régime.
Je ne pus m'empêcher de rire. S'il savait !
- Je suis certaine de bien porter l'uniforme, dis-je avec un clin d'½il à l'adresse de Sirius auquel il répondit de son plus beau sourire.
Remus s'amusa encore une fois à plonger son regard dans le mien quand je commençai à retrouver mon calme, et son intensité me dérouta. Je ne pouvais pas croiser son regard sans repenser au passé, sans sentir ce courant électrique se propager et me faire tressauter le c½ur. Comme si ça ne suffisait pas, cette couleur dorée absolument fascinante m'empêchait de détourner le regard, prolongeant ces instants électriques. C'était limite insupportable d'être troublée de la sorte.
- Et toi Remus... ? Tu n'as pas répondu à la question tout à l'heure... pourquoi devenir Auror ? rappelai-je pour le reprendre.
- J'aime la chasse... et c'est encore plus excitant quand la proie est en fait un prédateur.
Ses paroles me firent sourire. C'est fou comme on pouvait se ressembler parfois. Je n'étais pas étonnée de sa réponse, car sa personnalité collait très bien avec ce job. Je n'avais aucun mal à l'imaginer sur le terrain. Il était calme, observateur et intelligent, un bon profil pour un enquêteur. Ses sens sur-développés seront un véritable atout dans sa carrière.
- En parlant de chasse, à quand votre prochaine excursion ? demandai-je pour changer de sujet.
Remus parut quelque peu surpris. C'était la première fois que je m'y intéressais. En fait, je parlais très peu avec lui. Nos échanges étaient souvent silencieux... et visuels. Tout passait par le regard, et j'avais du mal à garder le dessus sur lui. Ça me frustrait d'ailleurs. Je dominais toujours normalement. Je ne détournais jamais les yeux. Avec lui c'était plus compliqué, raison pour laquelle je préférais engager la conversation. Là en général, le duel s'équilibrait.
- Le 24 novembre, répondit Remus. Je t'inscris à la liste des participants ? ironisa le lycanthrope en me lançant un regard dont il avait le secret pour me mettre mal à l'aise.
- Si gentiment proposé, j'accepte.
Ce fut à son tour d'être déstabilisé, à ma plus grande satisfaction. Il afficha un air un peu choqué, comme s'il n'en croyait pas ses oreilles.
- Euh Prue, je plaisantais.
- Pas moi.
- Tu ne peux pas nous accompagner pendant... mon problème de fourrure, rappela Remus catégorique.
- Bien sûr que si je le peux, rétorquai-je en le plantant du regard.
- ... Tu te sens bien ? demanda-t-il inquiet comme si j'étais gravement malade. Ou tu es complètement inconsciente du danger ?
- Quel danger ? pouffai-je.
- Tu ne sais pas de quoi je suis capable dans ces moments-là, murmura sombrement Remus.
- Tu ne les as jamais tués que je sache, fis-je remarquer en désignant ses amis.
- C-C'est vrai. Mais... il y a un risque.
- Je suis prête à le prendre.
- Pourquoi ?!
Remus était choqué, ne comprenant pas ma volonté. Moi, j'étais exaspérée par son attitude. Il n'y a que les Maraudeurs qui semblaient amusés. Je réfléchis rapidement pour trouver une raison crédible à ma proposition. Pourquoi le voulais-je ? J'avais tant de raisons...
« Pour te déstabiliser Remus Lupin... pour faire un pas de plus dans votre cercle... »
Je baissai les yeux une fraction de seconde.
« Et par-dessus tout pour revoir le loup qui est en toi... encore une fois »
- Maintenant que nous avons fait connaissance sous forme humaine, il est temps de découvrir notre côté sauvage, dis-je avec un clin d'½il, essayant d'afficher une mine assurée.
- On peut très bien le faire en-dehors des nuits de pleine lune... ce sera bien moins dangereux.
Je me renfrognai. Il allait être difficile à convaincre. Il se sentait dangereux... comment le rassurer ?
- Ce n'est pas dangereux, assurai-je.
- Pourquoi tu tiens tant à assister à... à ça ? dit-il avec dégoût.
- Vous êtes présents pour moi depuis le début de l'année... j'ai envie de renvoyer l'ascenseur.
- Je ne peux pas accepter, conclut Remus.
Je soupirai, sentant la colère m'envahir. Je n'aimais pas que les choses ne se passent pas comme je l'avais prévu. J'avais décidé de les accompagner, je le ferai, qu'il le veuille ou non !
- Putain Remus tu fais chier... lâchai-je.
- Tu es toujours en train de te sentir dangereux, monstrueux... putain mais c'est qu'un loup qu'il y a en toi, pas de quoi en faire un drame ! Arrête de repousser ceux qui essaient de t'approcher comme si tu avais une maladie contagieuse !
Remus ouvrit la bouche mais la referma de suite, détournant le regard. Il fallait que je brise cette saloperie de muraille qu'il avait construite entre lui et les autres. Sinon, je ne pourrais jamais l'atteindre.
- Remus... tu as toujours décidé pour les autres... Laisse-lui une chance... souffla James avec une lueur dans les yeux.
- Tu appelles ça une chance ?! s'emporta vivement le lycanthrope en le foudroyant du regard.
Sa réplique me piqua dans la poitrine sans que je sache pourquoi. Ses paroles étaient imprégnées de douleur et je n'eus aucune difficulté à la ressentir. Remus détestait sa forme animale.
- Bien sûr, dis-je doucement en retrouvant mon calme.
- Je suis un monstre, Prue. Même si tu ne le vois pas, c'est ce que je suis, murmura-t-il furieusement pour pas que les autres entendent.
- Un loup Remus. Juste un grand loup. Qui prend le dessus une fois par mois. Il n'y a rien de monstrueux là-dedans, je te l'ai déjà dit. Après, je sais que... on ne se connait presque pas et je te propose ça, d'un coup. Mais j'ai vraiment envie...de faire votre connaissance à tous... totalement.
Son visage exprimait l'inquiétude, le doute... Mes yeux balayèrent les trois cicatrices qui lui barraient le visage en forme de griffure et la pointe s'enfonça un peu plus dans ma poitrine. Je retins un geste vers lui et secouai la tête pour reprendre mes esprits. J'avalai péniblement ma salive pour essayer de faire passer la boule qui me serrait la gorge. Pourquoi cette soudaine envie de passer doucement mes doigts sur ses cicatrices ? Pourquoi ce malaise ? Il fallait que je me reprenne.
- On fait l'essai et si ça devient trop risqué, je partirais, repris-je en essayant de reprendre le contrôle.
- J'espère seulement que tu es consciente de la tournure que peut prendre cette décision.
- J'espère seulement que tu es conscient d'à quel point je m'en tape ! renvoyai-je.
Il parut choqué.
- Je n'ai pas peur Remus, assurai-je. Il n'y a pas de quoi.
- Tu te trompes.
- Non. C'est toi qui te fais une mauvaise opinion sur ta personne. Tu as trop laissé les préjugés des gens au sujet des loups-garous t'envahir.
- Est-ce que tu sais le nombre de victimes qu'il y a chaque année ?
- Tu ne peux pas payer pour les mauvais actes des autres. Les lycanthropes qui ont goûté au sang humain ne sont pas tes semblables. Toi tu prends tes précautions. Tu fais en sorte de ne blesser personne. C'est ce qui fait de toi un simple loup-garou...et des autres des monstres. Ne te compare jamais à eux.
Cette fois j'avais réussi à lui couper le sifflet. Je vis de l'émotion passer dans ses yeux avant qu'il les baisse.
- Tu te transformes en quoi ? me demanda Sirius pour briser le silence.
- En louve. En louve noire...
Remus retrouva bien vite son sourire.
- En fait tu serais venue même si j'avais refusé, dit-il.
Il releva la tête pour plonger son regard dans le mien, et cette fois je perdis pied. La lueur qui traversait ses yeux à cet instant était magnifique. Encore plus que d'habitude. Une lueur difficile à interpréter. Je n'arrivais pas à m'en détacher. Il avait retrouvé toute son assurance en moins d'une seconde... et c'était à mon tour de perdre la mienne. Comment faisait-il cela ?
- Pourquoi tu dis ça ? soufflai-je.
- Tu sors la nuit sous ta forme animale.
Comment l'avait-il découvert ? Ça, aucune idée. Mais à vrai dire, j'étais incapable de réfléchir.
- ...C'est vrai, ça m'arrive, avouai-je. Comment tu le sais ?
Il me prit le bras gauche avec douceur et remonta un peu le poignet de force que je portais depuis la dernière pleine lune, mettant à jour ma blessure. Je frissonnai en sentant ses doigts passer doucement sur l'entaille encore visible dans la chair. Douée pour tuer, mais pas pour soigner, je n'avais pas réussi à guérir complètement l'entaille.
- Tu n'es pas la seule à observer les cicatrices des autres... renvoya Remus.
Je déglutis, me souvenant de la conversation à Pré-au-Lard, dans le bar des Trois Balais. Sauf que là, c'était à moi de me faire dévoiler.
- Pourquoi as-tu pris la défense d'un loup-garou inconnu ?
Parce que tu n'étais pas un inconnu... mais un mystère.
- Le centaure allait t'abattre... sans raison. Il fallait que j'intervienne.
- Je t'en suis très reconnaissant.
Il sourit, un peu étonné malgré lui.
- On se protège mutuellement, dit-il dans un souffle.
Il fit glisser sa main sur mon bras en la retirant, et j'eus l'impression de me sentir libérée d'un poids énorme. Il fallait vraiment que j'arrive à contrôler l'effet qu'il avait sur moi. C'était insupportable de me sentir fébrile comme ça. Et pourtant, il n'arrivait pas à m'énerver. Au contraire... ces moments déstabilisants étaient agréables. Un peu comme une drogue. On sait que c'est mauvais, mais le plaisir est trop intense sur le coup pour y renoncer. J'avais plutôt intérêt à ne pas tomber dans l'addiction, car son emprise me déstabilisait au plus haut point. Je n'arrivais pas à reprendre le dessus avec lui. Ça devrait me faire sortir de mes gonds qu'il me touche comme ça sans me demander la permission. Ça devrait...
- Tu verras... dit Sirius. Tu vas adorer nos excursions.
- Je n'en doute pas.
J'avais hâte d'y être désormais.
~ Point de vue de Remus ~
J'étais assez troublé par l'attitude que Prue avait eu toute la soirée. Plus je la découvrais, et plus elle me captivait.
J'avais beau craindre la prochaine pleine lune, car j'ai toujours peur de ce que je pourrais faire, je savais au fond que tout irait bien. Une louve de sa trempe ne pouvait pas déplaire à la bête que je suis.

Dum-Cha, Posté le mercredi 21 décembre 2016 13:03
Coucou, je suis heureuse de faire la lecture de ce Chapitre. Je suis accro à Cette fic .